La Mauritanie possède d'énormes ressources en hydrocarbures, réparties sur deux principales régions : le bassin de Taoudeni à l'est du pays et le bassin côtier dans les eaux maritimes de l'Atlantique. Ces zones ont attiré un intérêt croissant de la part des grandes entreprises énergétiques mondiales, grâce à des indicateurs géologiques prometteurs révélant des quantités importantes de pétrole et de gaz.
Bassin de Taoudeni
Le bassin de Taoudeni est l'un des plus vastes bassins sédimentaires d'Afrique, couvrant une superficie totale d'environ 1 500 000 km², dont un tiers se trouve sur le territoire mauritanien. Ce bassin est formé d'une géologie ancienne datant de la fin du Précambrien et s'étend à travers le Paléozoïque, résultant des changements tectoniques associés à l'orogenèse panafricaine, ce qui explique la diversité de ses couches géologiques et leur richesse en matières organiques.
Historique de l'exploration
Le bassin a connu deux phases principales d'exploration :
- Première phase (années 1970) : Les sociétés Texaco et Agip ont obtenu les premières licences d'exploration. Des sondages sismiques 2D ont été réalisés, suivis de forages expérimentaux sur les puits Apollag-1 et Oasa-1. Le puits Apollag-1 a montré des résultats positifs, produisant 13 600 mètres cubes de gaz par jour lors d'un test de deux heures, ce qui a été considéré comme la première preuve tangible du potentiel du bassin.
- Deuxième phase (depuis 2004) : Les activités d'exploration ont été intensifiées avec la participation de grandes entreprises internationales telles que Total, Repsol, Saipem, ainsi que la société mauritanienne des hydrocarbures (SMH). De nouveaux puits ont été forés, dont les puits Ta8-1 (Atl-1), Ta7-1 et Oukiya-1, qui ont montré des indications prometteuses de présence de gaz à diverses profondeurs.
Systèmes pétroliers du bassin
Deux grands systèmes pétroliers ont été identifiés dans le bassin de Taoudeni :
- Le système pétrolier paléozoïque : Il repose sur des roches sources des époques silurienne et dévonienne, riches en matière organique et de grande qualité, associées à des réservoirs ordoviciens favorables aux accumulations de gaz.
- Le système pétrolier néoproterozoïque : Il est basé sur des roches sources argileuses noires datant du Cambrien inférieur, caractérisées par des réservoirs calcaires fissurés contenant des stromatolithes, ainsi que des couches de grès.
À ce jour, plus de 15 000 km de données sismiques 2D ont été collectées et cinq puits exploratoires majeurs ont été forés. Bien que l'exploitation commerciale n'ait pas encore commencé, les indicateurs géotechniques et géologiques confirment que le bassin possède un potentiel énorme qui est encore en phase d'évaluation.
Bassin côtier
Le bassin côtier mauritanien s'étend le long de la côte ouest bordant l'océan Atlantique. Il a été exploré dès les années 1960, ce qui en fait la zone d'exploration la plus ancienne et active du pays. Au fil des décennies, environ 45 puits exploratoires ont été forés, parmi les 78 puits réalisés dans la région, ainsi que des études sismiques 3D couvrant plus de 100 000 km², ce qui a contribué à dresser une image précise de la structure géologique du bassin.
Champ de Chinguetti : Première découverte commerciale
En 2001, la société australienne Woodside Petroleum a découvert le champ pétrolier de Chinguetti, marquant la première exploitation commerciale du pétrole en Mauritanie. Le champ a été développé et mis en production, mais a cessé ses activités en 2017, et son infrastructure a été entièrement démantelée en 2018, mettant ainsi fin à la première expérience pétrolière du pays.
Champ de Banda : Situé à 70 km des côtes de Nouakchott, à une profondeur variant de 200 à 350 mètres, ses réserves exploitables sont estimées entre 1,2 et 2 trillions de pieds cubes. Bien que son développement ait pris du retard, il a été relancé avec un contrat de développement prometteur en mars 2024.
Champ de Walata (anciennement Tiouf) : Une découverte importante dont les réserves sont estimées à environ 280 millions de barils de pétrole. Des travaux sont en cours pour évaluer la faisabilité de sa redéveloppement dans le cadre des projets futurs.
Champ de Tevet : Une petite découverte pétrolière, avec des réserves avoisinant 40 millions de barils de pétrole brut. Il s'agit d'un prolongement du champ de Chinguetti, et son exploitation était prévue à travers l'infrastructure existante du champ principal.
Autres découvertes possibles et confirmées : En plus des grands champs connus, les rapports des entreprises pétrolières opérant dans le bassin côtier mauritanien ont révélé plusieurs découvertes de taille petite à moyenne, dont les champs Pelican, Cormoran, Frégate, Faucon et Abelinda. Ces champs ont montré des résultats prometteurs grâce à de multiples colonnes de gaz et des résultats positifs lors des tests de débit, ce qui témoigne de leur potentiel en tant que champs auxiliaires pour les grands projets voisins ou pour un développement indépendant.
Découvertes majeures en 2015
L'année 2015 a marqué un tournant important dans l'histoire du bassin côtier, avec l'annonce de découvertes gazières géantes qui ont modifié le paysage énergétique du pays. Les plus notables étant :
- Champ de Tortue Ahmeyim (GTA) : Situé dans la zone maritime frontalière avec le Sénégal, il est l'un des principaux champs gaziers de l'Afrique de l'Ouest.
- Champ de Bir Allah : Situé au nord du GTA, entièrement dans les eaux territoriales mauritaniennes, avec des réserves supérieures à celles du champ frontalier.
Vers un leadership régional en gaz
Avec ces découvertes récentes, la Mauritanie est désormais un acteur de premier plan dans la production et l'exportation de gaz naturel, notamment avec le projet GTA entrant en phase de production début 2025, et le développement de projets supplémentaires tels que Bir Allah et Banda. Cette avancée permettra au pays de diversifier son économie, réduire sa dépendance aux importations énergétiques et renforcer sa position sur le marché mondial de l'énergie.
