La Mauritanie fait d’importants progrès pour devenir un acteur régional sur le marché du gaz naturel grâce à de grands projets qui posent les bases d’une nouvelle ère dans l’histoire énergétique du pays. Grâce aux découvertes majeures de gaz au cours des deux dernières décennies, le pays travaille sur le développement de ces vastes ressources à travers des partenariats efficaces et des stratégies de développement en plusieurs phases, visant à soutenir la sécurité énergétique, renforcer le développement économique et contribuer à la transition vers une énergie propre.
Champ du Grand Tortue Ahmeyim (GTA)
Le champ GTA, l’un des projets gaziers les plus importants en Afrique de l’Ouest, est situé à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal, à une profondeur d’environ 2 800 mètres sous le niveau de la mer. Les réserves de ce champ varient entre 25 et 50 trillions de pieds cubes de gaz, répartis également entre les deux pays, ce qui en fait un projet véritablement régional.
La Société Mauritanienne des Hydrocarbures, en collaboration avec BP, Kosmos Energy et Petrosen, développe ce champ, ce qui reflète la confiance internationale dans l’environnement d’investissement mauritanien et le potentiel économique du pays.
Le projet est mis en œuvre par étapes successives pour assurer une utilisation optimale des ressources et la durabilité de la production à long terme.
Phase 1 : Démarrage réel de la production (2025)
Cette phase a commencé au début de 2025, et comprenait le développement des infrastructures de production, de transport et de liquéfaction. Il est prévu que la production annuelle atteigne 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi qu’une production quotidienne d’environ 6 000 barils de condensats. Ce succès marque le véritable lancement de la Mauritanie sur le marché mondial du gaz.
Phases 2 et 3 : Expansion de la production et renforcement des capacités
Les phases suivantes visent à porter la capacité de production à 10 millions de tonnes par an, ce qui doublera la contribution du projet au PIB national et renforcera l’attractivité de la Mauritanie en tant que pôle énergétique en Afrique. Des études techniques et stratégiques ont déjà été lancées pour identifier les meilleures voies de développement et élargir les capacités de stockage et de transport, tout en respectant les normes environnementales et de durabilité.
Champ de Bir Allah : Réserves massives et stratégie de développement future
Le champ de Bir Allah a été découvert en 2015 et est situé entièrement dans les eaux territoriales mauritaniennes, à une profondeur similaire à celle du champ GTA, soit 2 800 mètres, et à environ 40 kilomètres au nord de celui-ci. Ce champ est considéré comme l’une des plus grandes découvertes gazières inexploitées en Afrique de l’Ouest, avec des réserves estimées à environ 80 trillions de pieds cubes de gaz.
Étant entièrement situé dans les eaux territoriales mauritaniennes, le pays a un contrôle total sur son exploitation, alignant la production avec ses priorités économiques et énergétiques. Les plans techniques et institutionnels nécessaires pour lancer les opérations de développement sont actuellement en préparation, et de grandes entreprises internationales manifestent un intérêt pour ce projet stratégique.
Il est prévu que le champ de Bir Allah joue un rôle clé dans la réalisation de l’autosuffisance en gaz, fournissant de l’énergie propre aux projets industriels nationaux, ainsi qu’un énorme potentiel d’exportation via des installations de liquéfaction offshore avancées.
Champ de Banda : Un modèle intégré de sécurité énergétique et de transformation industrielle
Le champ de Banda représente un projet stratégique sur la voie du développement de l’infrastructure énergétique nationale. Il est situé à 70 km au large des côtes de Nouakchott, à des profondeurs allant de 200 à 350 mètres, et contient des réserves exploitables estimées entre 1,2 et 2 trillions de pieds cubes de gaz.
Un nouveau contrat de développement et un partenariat régional prometteur
En mars 2024, le gouvernement mauritanien a signé un contrat d'exploration et de production avec le consortium des sociétés Taqa Arabia et Go Gas Holding, visant à développer le champ selon une vision en trois phases. Cet accord s’inscrit dans la stratégie d’intégration du gaz dans le cycle économique local, au lieu de se contenter de l’exporter.
Phase 1 (jusqu’en 2027) : Infrastructure de transport
Cette phase comprend la construction d’un pipeline sous-marin de 75 km pour transporter le gaz du site du champ vers la terre, marquant ainsi la première étape vers l’exploitation industrielle de l’énergie produite, et sa connexion aux stations de conversion et de consommation.
Phase 2 : Conversion de l’énergie et expansion des capacités électriques
La centrale à combustible mixte de Nouakchott (180 MW) sera convertie en un système fonctionnant au gaz, contribuant à réduire les émissions et à abaisser les coûts opérationnels. Une nouvelle centrale électrique, d’une capacité de 120 à 240 MW, sera également construite pour répondre à la demande croissante en électricité, notamment dans le secteur industriel.
Phase 3 : Développement des industries de transformation du gaz
Cette phase inclut la création d’unités pour transformer le gaz en carburants liquides (GTL) et en gaz naturel comprimé (CNG), permettant son utilisation dans le secteur du transport et réduisant ainsi la dépendance aux combustibles importés. Cette transformation soutient la durabilité environnementale et ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrialisation du secteur énergétique.
Vers une indépendance énergétique et une croissance industrielle durable
Les grands projets gaziers en Mauritanie, à savoir GTA, Bir Allah et Banda, constituent les pierres angulaires d’un plan global visant à transformer le pays en une plateforme énergétique régionale. Ces projets traduisent les ambitions de la Mauritanie en matière de sécurité énergétique, de diversification des sources de revenus et d’attraction d’investissements étrangers directs dans un secteur prometteur disposant d’un potentiel à long terme.